Page:Nau - Hiers bleus, 1904.djvu/53

Cette page n’a pas encore été corrigée


HIERS BLEUS

45

3*

FUes passent des semaines dans la tristesse

Des chambres aux volets clos, en les limbes gris
D’un automne factice que rien ne fleurit

De lumineux qu’un rayon pâle

l’-ané. cendré par les treilles du patio

Où roucoule et pleure la lamentable,

La lente complainte d’un utet d’eau.

Et leurs yeux las qu’éblouit un lacis de fibres
Se brûlent à prêter aide au soleil voilé.

Elles vivent, si c’est là vivre,

Dans l’angoisse des heures trop vite écoulées
0 ces minutes qu’elles ont perdues

Parce qu’un brouillard rouge noyait les dessins,
Parce que des lames aiguës

Fouillaient leurs tempes ou que dans leur crâne étreint
Par un étau féroce aux pressions broyantes

Eclatait le vacarme de cent rues hurlantes 1

0 h honte des tâches non finies,

Du travail refusé pour un jour de retard,
Les durs sermons et les avanies

Des acheteurs méprisants ou hilares

Chez qui les broderies tombent en avalanches
Ou s’accumulent en névés

Dans l’été floral des hautes galeries blanches
Alors ce sont les nuits abolies, les levers
Deux heures avant l’aube, après des veillées folles