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MARINE

POM- Jfc-t ifMH.

L’Océan lisse et froid dresse un glauque miroir
Au-dessus des rochers et de la lande morne
Un pâle goëland monte dans l’air et s’orne
D’un clair rayon cueilli dans les roses du soir.

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Tout s’alanguit en un torpide nonchaloir
Le promontoire aigu s’arrondit, tel un morne
Un exotisme doux envahit tout la corne
Des bananes se cambre en la lune au bossoir

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Et sur les gouftres d’eau crépusculaire et lente
Je vois la vision surgir, qui violente

Mon âme éprise des flots vides, incertains

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Un long trois-mâts qui va par filantes glissées
Berceuses, dans la Nuit, vers d’éclatants lointains
Comme un grand cygne noir aux ailes rebroussées.