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Et l’on dirait que dans leur prison de granit,
Interrogeant !e jour funèbre qui se glisse
Entre les toits moroses glacés de bleu noir,
Les tristes fleurs reprochent leur supplice,
Leur langueur et leur désespoir

Aux maîtres miséreux qu’elles consolent
D’une apparence de rayons,

Aux poétiques égoïstes qui les volent

A la joie ample des protéens horizons,

A la gloire du divin sol aride

Poreux et saturé de fauve jour fervide.

Et tandis que l’air chante en lui comme exhalant
Le charme noir de la pauvreté familière,
L’enfant se sent chérir le coin morne et dolent
Dont il craignait l’éternel froid crépusculaire
Du même amour que le beau jardin enchanté
Qui fait vibrer en lui les tendresses discrètes
Du Non-Humain plein de silence et de bonté.

Voit-il que désormais une chaîne secrète,
Le lie à tout un Monde incompris, inconnu
Dans son être profond et ses métamorphoses
Et qu’il partagera d’un esprit ingénu

Toute la joie et toute l’angoisse des Choses ? P