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                    HIERS BLEUS
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Dehors, la libre nuit glaciale s’abat,
Grand dôme d’un noir bleu diaphane :
La ville atroce est constellation, là-bas.
                            *
                           * *
Soudain ces masses de cauchemar d’où émane
L’âme exquise des jardins mouillés
Et des bois dont pleurent les fragrantes écorces,
D’où m’attire comme une affectueuse force
Pleine de frissons familiers,
Se font plages de la côte amie.....
                             *
                            * *
Les feuilles craquent, grisantes, dans le sentier
Qui mord profondément la roche humide
Sous des arceaux noirs criblés d’étoiles.
La sève des puissantes ambiances,
Rassurante, semble instiller dans les moëlles
La vie et simple et forte des essences.
                              *
                             * *
Et comme la nuit s’éclaire faiblement
Vers les hauteurs, sous les branches plus aériennes,
D’un brouillard d’émeraude poudré d’argent,
Un encens comme plus intime et plus amène
M’envahit irrésistiblement.
                              *
                             * *