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HIERS BLEUS

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Vêtus d’éclairs, de soleil rouge ou smaragdin,
Des djinns ailés et nains becquetaient les bananes
Qui sont de lourds bonbons à l’ambroisie
Et tout l’air était lourd d’ambroisie sous le4acis
Des longues et flexueuses lianes.

Les bruits de la rade montaient veloutés
Comme des précipices bleus des rêves

Mais, apparaissaient, irisées en la clarté,
Par les jours entre les feuilles gonflées de sèves,
Les maisons du port, bijoux diaprés

De l’écrin vert et saphirin des grèves.

C’était du bonheur oublié sur la hauteur,
Dans la lumière et l’ombre divinement chaudes.
Par les matins de satin bleu et les soirs mauves
Des formes d’une brune pâleur

Hantaient la tiédeur mystérieuse des atlées
De l’eau volait en vaines pierreries,

Dans une faible musique de rires,

Des feuilles houlaient, des branches ployaient
Et se redressaient élastiques et vibrantes
Et, baigné d’aurore ou de splendeur vespérale
Le bois édénique aux lianes enlaçantes

Se duvetait d’une bruine de pétales.