RIVAGE
Le rivage se veloutait d’or vert
Des branches rosées frôlaient l’eau bleue
Des senteurs de poivre et d’anis aiguisaient l’air
Tout d’azur tiède sous le ciel clair
Moucheté d’ailes nacrées et neigeuses.
Des maisons blanches avec des bois pour jardins
Somnolaient dans le mystère des avenues
Où guettaient des voilures d’opale au lointain
Entre les colonnades feuillues.
Et la vie semblait très douce et très lente,
Eût même lassé, trop langoureuse,
Sans le frémissement, dans les allées fragrantes,
D’une sorte d’inquiétude amoureuse.
Des femmes pâles aux bouches trop rouges
Passaient en balançant leurs longues tailles
Leurs grands yeux battus, d’un noir de nuit estivale,
Caressaient et brûlaient, à la fois tendres et farouches.
Page:Nau - Hiers bleus, 1904.djvu/154
Cette page n’a pas encore été corrigée