HIERS BLEUS
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Est-il éternel, ce vertige si tragique,
Ce vertige d’âme désespérée ?
Où mène cette fuite atrocement facile,
Peut-être même autrefois désirée,
Cette envolée au bleu transparent de l’Abime ?
Ne me dis pas, surhumaine et cruelle voix,
Odieusement apitoyée,
Que peu à peu mon être conscient se noie
Dans le sommeil Icthéen de l’Azur,
Mais que je renaîtrai, tant de fois! pour voir luire
D’étranges clartés dont l’idée seule me glace
En des terres voilées à w Terre, en tant d’astres
Des gouffres céruléens inconnus
Que je serai MM <!M/ oublieux des anciennes vies
Et des âmes que je crois à jamais chéries
En des mondes où l’on n’aimera plus,
Où j’irai, isolé, vers de sublimes huts,
Ebloui de blanche beauté indifférente
Mais répète, exquise Voix amie,
Toujours plus lente et plus pénétrante.
Que toutes les âmes ne sont qu’une seule âme
Eparse en nébuleuses lueurs d ns l’Infini,
Fulgentes pâleurs qui se cherchent, se devinent,
Puis, dissipé le Songe des Temps,
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