L’ILE
Pour D. Caillé
L’Ile qui somnolait dans ses tulles de rêve
Se dresse, à présent, bloc de granit bleu, brutal,
Donjon sombre cerné d’un trait net de métal
Qui se mire tout fauve en le béryl des grèves.
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Puis dans le soir plus doux, — clair encore, — des bois
Moutonnant sur le roc l’animent de feuillages;
On devine les murs fleuris de blancs villages
Et le planant parfum des choses d’autrefois...
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Retour!... Mais la prison brumeuse aux lourdes gazes
Qu’étoile le couchant de mouvantes topazes
Se referme sur l’Ile entrevue un moment
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Et l’on songe aux cités pour une heure éveillées,
Aux Vinlands populeux jetés distraitement
A l’effroyable nuit des terres oubliées.
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