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— Eh bien, Monsieur Veuly, j’ai appris avec plaisir, ce matin, que vous alliez mieux. J’ai regretté de ne pouvoir venir vous voir dès la réception de cette bonne nouvelle mais il m’a été impossible, aujourd’hui, de faire mes visites jusqu’à présent. J’ai eu une crise aiguë de rhumatisme qui m’a broyé le genou et le pied gauches toute la matinée et une partie de l’après-midi. Je me traîne encore avec peine, mais il y a du mieux.

Il boite en effet. Je lui approche le fauteuil dans lequel il s’assied en faisant une grimace de souffrance :

— J’espère bien que votre douleur va céder tout-à-fait, et j’ajoute machinalement : du rhumatisme ? ah ! — M. Bid’homme m’avait parlé d’une très étrange maladie à nom invraisemblable.

Le Docteur Froin ne paraît pas très surpris :

— Oh ! M. Bid’homme, M. Bid’homme !…

Un peu plus et il allait me dire quelque chose qu’il retient à temps. Je n’imite pas sa discrétion ; j’articule du ton le plus froid :

— M. Bid’homme est un fou, et un fou peut-être dangereux, comme vous vous en doutez fort probablement.

— Vous avez raison de me dire ce que vous pensez, mais ne vous laissez pas prendre aux apparences : M. Bid’homme est très, très excentrique, très braque mais c’est tout…

Cependant le Docteur Froin a eu un petit tremblement qui ne semble pas dû à une douleur rhu-