Page:Nau - Force ennemie.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

sagent, — avec férocité, me figuré-je. Mais bientôt j’ai honte de ma couardise, je me dresse sur mon séant et crie d’une voix aussi formidable que possible :

— Qu’est-ce que vous f…ichez là ? Voulez-vous bien me laisser dormir et aller espionner ailleurs !

L’ouverture du guichet est de belles dimensions. Une tête en sort qui fait une grimace de pitié, — une tête trouée des étranges yeux pâles, — ornée d’un mince nez en bec de perroquet et de longues moustaches tombantes, plus jaunes que la paroi. Elle ouvre une bouche que tord un assez laid rictus exhibant une dentition mordorée, — à petits créneaux — et profère des sons :

— Y a pas d’offense de ma part et je suis heureux de voir que ça va mieux « de la vôtre ». Si « Monsieur » veut « kekchose », je vais « vous » le sercher.

— Donnez-moi à manger… n’importe quoi ! Mais auparavant… pourriez-vous me dire ce que je fais ici ?

— Dans un estant… je vais vous ezpliquer…

L’homme referme son « guignol » et le voilà parti.

Dix minutes plus tard j’entends des grincements de verrous et le lourd clapotis d’une grosse serrure.

Le possesseur des yeux pâles et de la moustache jaune entre, agite des clefs géantes, repousse la porte et s’approche de mon lit, un plateau à la main.