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VI

C’est à peine si j’ai la force d’écrire à présent, après cet aveu de ce que j’ai, sans doute, perpétré de plus effroyable au cours de toutes mes existences…

Je crois que je me suis jeté sur le corps d’Irène et que je l’ai couvert de tendres et sanglotantes caresses… Oui, j’en suis sûr. Elle m’a même encore donné de sa bouche meurtrie un baiser qui pardonnait l’impardonnable.

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Mais Irène s’évanouit. Je la crus morte. On venait, du reste… on la cherchait… on avait entendu mes cris. Le désespoir et la terreur m’affolèrent de nouveau. Je ne fus plus qu’une bête qui fuyait…

Qu’est-il arrivé alors ? Il me semble que je me vois tapi dans les broussailles de terribles forêts, bondissant par des savanes blondes et vertes… Après cela j’ai dû vivre assez longtemps sous de farouches et puissantes frondaisons de féerie, farouches, puissantes et gracieuses aussi, les plus belles que j’aie vues dans ma vie actuelle, mangeant des fruits étranges, buvant à même les ruisseaux, dormant la nuit dans des arbres, sur de solides et inextricables entrelacements de branches… Un jour,