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cesse » craintive et si divinement « femmelette » ? (oh ! pas toujours si femmelette !) Sa physionomie devient énergique, presque menaçante ; sa voix, encore douce mais plus grave qu’autrefois, sonne autoritaire, dans le silence des futaies :

— Votre plaisanterie est stupide ! vous avez voulu m’effrayer, n’est-ce pas ? Si vous n’avez pas réussi, je vous sais quand même mauvais gré de la détestable intention. Allez-vous-en et vite ! vous m’entendez !

Ces paroles allument en moi une insane et furibonde colère immédiatement attisée par Kmôhoûn. Malgré mon trouble, je lis, je suis forcé de lire dans l’âme du Tkoukrien mieux qu’en la mienne propre. Lui aussi est enragé contre cette femme qui se permet de lui apparaître différente d’elle-même, — qui ne pourrait plus lui donner exactement les mêmes joies que la nuit de… mon emprisonnement dans la cellule, — contre cette femme qui après cela nous parle « comme à des chiens » ! — Exaspérés, nous nous jetons sur Irène ; je la saisis aux coudes et l’attire violemment dans le fourré. Oh ! ce n’est pas que je la veuille, à présent ! Il me serait moins pénible de me tromper avec une autre qu’avec Elle. Non, je ne la veux pas. Mon désir forcené est de la meurtrir, de la punir dans sa chair menteuse, — oui, menteuse puisqu’elle ne m’illusionne plus de la même façon, — de la battre sauvagement, comme l’eût fait une brute de l’Âge de pierre châtiant sa sournoise fe-