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croyablement sérieuse. Je suis Missié Célinice Inzinor chante la basse-taille gutturale du bon vieux, une voix importante d’orateur pour Conseils municipaux.

La place du Marché traversée, une rue montée, je me trouve dans la verdure, — un peu oppressé par de chaudes et trop suaves odeurs de serre… Je ne pense plus au brave M. Célinice Inzinor.

…….. C’est très joli de me trouver libre, à terre, dans la colonie où ma « petite princesse » est venue en convalescence, mais je n’ai plus que cent sous et ignore où je coucherai. Il ne faut pas songer à camper à la belle étoile, dans une île où les serpents, — des bothrops lancéolés, — aiment, paraît-il, à faire leur petit tour par les nuits sereines. Je marche longtemps, un peu au hasard, sous la voûte feuillue, débouche sur une large route et, abruti de fatigue, ne songe plus, pour le moment, qu’à demander un coin où dormir, dans la première case venue.

En voici justement une dont l’apparence est inviteuse. Le toit disparaît sous les plantes grimpantes maintenant bleuies de lune, et les minces piliers qui soutiennent l’auvent de la galerie basse sont enguirlandés de longues « grappes » de fleurs.

Toute la maisonnée, — de braves noirs à figures ouvertes et rieuses, — m’accueille comme un camarade. On est hospitalier à la Martinique et c’est à qui me versera une tasse de café ou une goutte de rhum, me servira une grande assiettée de