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fruits qui combattent les acres et brûlantes senteurs des rhummeries, — où il y a comme un mélange de caramel — (bien entendu !) — de peau d’Espagne et de tan.

Les longues et robustes et souples femmes s’alanguissent encore et semblent glisser, flotter, — leurs beaux yeux à demi-clos, — au-dessus des dalles d’un rose presque mauve dans l’ombre verte où s’infiltre une bruine de topaze.

Nous voici, nous, les quatre matelots, chargés comme des consciences de politiciens. Le Coatmabergastmelen nous regarde avec satisfaction plier sous le faix. Puis il a pitié de nous :

Tiens bon, garçons ! Il y en a assez comme ça ! Au tour du cuisinier de rigoler quand il va nous voir embarquer tous nos vivres.

Nous n’avons guère de chemin à faire pour regagner le youyou, mais nous sommes terriblement alourdis par les sacs de pain, de légumes et de fruits, — les paniers de viande et de poisson, J’avais bien l’intention de profiter des allées et venues des acheteurs et acheteuses pour disparaître dans cette petite rue toute verte qui s’ouvre entre deux hautes cases de bois à balcons frêles et à vérandas… Par malheur le capitaine ne me quitte pas d’une semelle. Je ne pense pas qu’il y mette de la malice ; mais il est de belle humeur, en veine de causer et j’ai la malchance qu’il m’ait choisi aujourd’hui comme auditeur… Mais, au fait, j’entrevois maintenant un petit projet d’évasion plus