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— pour notre malheur ignoré de la Régie française.

Dans la chambre aux boiseries peintes en blanc et relevées de filets jaunes, dans la lumière un peu verdâtre que versent l’écoutille, les hublots et deux espèces de sabords, le capitaine Le Coatmabergastmelen, quinquagénaire cuivré et orné d’une terrible barbe fauve que ne fleurissent pas encore les pâquerettes d’automne, puise quelques forces dans un verre de grog très fragrant et des plus foncés. Du puro qu’il fume, un puro une idée moins gros qu’une banane, s’élèvent de capiteuses vapeurs bleues. — Le capitaine me regarde avec une certaine indignation et c’est sans grande douceur qu’il me demande :

— Qu’est-ce qui vous a autorisé à dégrader mon escalier et à pourrir le plancher de la « chambre » ?

— Je viens de la part de M. Bourdon.

— Ah ! nom d’un bougre ! c’est différent. L’aimez-vous corsé ?

— Qui, quoi ?

— Le grog, parbleu !…

Et M. Le Coatmabergastmelen me passe une banane de tabac qui, une fois allumée, me fait deviner ce que pouvaient être les chaudes brises du Paradis Terrestre…

— Je l’aime assez fort… avec très peu de sucre.

— Bon ! je vais vous envoyer ça, ce qui s’appelle carabiné. Collez votre derrière sur un siège. Re-