Page:Nau - Force ennemie.djvu/308

Cette page a été validée par deux contributeurs.

… Les bras m’en tombent ! (Ils m’ont pardonné !!) Et c’est à peine si je parviens à bredouiller :

— … Trop forts pour moi, ces gens-là ! C’est trop raide ! J’en suis renversé, — malade, — tué ! Ah ! vous savez, ce n’est pas le toupet qui vous manque !

Je lance ma canne dans le ruisseau et pivote sur mes talons. Arrivé à quelques pas de mes cousins, j’entends Elzéar qui, perdant la boule pour la première fois de sa vie, crie, — de trop loin, — à deux sergents de ville apparus :

— Empoignez-le ! C’est un fou échappé !

Mais c’est moi qui lui cours dessus. Il a le temps de se réfugier dans les bureaux de la Poste. Si je fais du scandale dans un « édifice public » on va me coffrer. Je me retire donc en jetant un regard inquiet du côté des « appariteurs » qui n’ont rien entendu : ils viennent de sauter sur un charretier en contravention, — le bousculent et le gourment. Je puis reprendre la rue du Chilou et me diriger vers le Bassin. Elzéar ne me poursuivra pas, maintenant. Je me hâte toutefois, non sans me retourner de temps à autre. Rien en vue. Mais je ne me sens bien à l’abri de toute ingérence policière, aliéniste ou fraternelle qu’au moment où, franchie la planche qui relie au quai l’Augustine Bourdon, je descends l’escalier de la chambre d’arrière.

Parfums de goudron, de suif, d’alcool et de tabac,