Page:Nau - Force ennemie.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.

voulu nous parafer un diplôme de santé mentale), nous avons le droit de posséder.

— Vous sentez-vous aussi… absolument oui ! aussi parfaitement guéri que vous le dites ?

— Hé ! hé !… on se surveillera, — hein ? — Et puis, comme nous montons une maison de fous là-bas, on ne s’arrêtera pas à nos légères excentricités. Nous aurons des repoussoirs ! Chez nous ce sera sublime ! Nous ne prendrons pour gardiens que de très sales gens munis de casiers judiciaires et les avertirons que leur premier devoir sera de recevoir sans réclamer toutes les raclées qu’il plaira aux internés de leur administrer !

— Oh ! admirable ! s’écrie avec un enthousiasme un peu trop bruyant M. Oswald-Norbert Nigeot, mon confrère en Apollon et ex-co-interné.

Il s’arrête court, s’inquiète, regarde autour de lui pour savoir si sa véhémence n’a donné l’éveil à personne.

Mais… il m’aperçoit, — devient pourpre, lie de vin, puis verdâtre sous un lacis de couperose amarante. Il glisse vite deux mots à son compagnon, le docteur Magne, dont la belle figure de Sage de la Grèce se décompose, grimace abominablement. Il m’a vu, lui aussi, maintenant, — du coin de l’œil — et mes deux « philosophes » se lèvent d’un mouvement presque simultané, me tournent le dos et s’apprêtent à changer de table.

(Cette rencontre d’un ancien compagnon d’infortune leur cause une affreuse contrariété.)