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krien pour m’informer de ce qui me tient au cœur ? Mon frère n’est pas le seul qui puisse me guider dans mes recherches et Kmôhoûn ne s’amuse pas toujours à suivre toutes mes pensées. En tout cas il n’eût été mis au courant de mes découvertes (en inspectant ma cérébrale galerie de tableaux) qu’à une époque où ses transports sauvages eussent paru presque tolérables ! Ô basse fatuité ! Je suis furieux contre moi-même.

Cependant la petite victoire que j’ai remportée sur mon tourmenteur en le forçant à « garder pour lui » ses accusations contre mon frère, me grise d’une certaine audace. On le calmera, le Kmôhoûn !

— Bon ! C’est entendu ! Je me tiendrai tranquille, acquiesce l’homme de Tkoukra. Mais occupe-toi de ce qui nous intéresse.

Il est trop tard pour reculer. Le mal est fait. Donc je dis à mon frère :

— Te pardonner ? Tu veux rire ! Tu es un trop bon garçon ! Parlons d’autre chose.

Et du ton dont je demanderais un renseignement commercial (j’ai pu étudier, chez Roffieux, la diction des plus éminents industriels et négociants cauchois), je laisse, hors de propos, tomber ces insignifiantes petites phrases :

À propos, tu as dû rencontrer jadis chez Elzéar un certain Letellier. Il est sur le point de se faire nommer député de la neuvième circonscription de Dieppe… (élection partielle). J’aurais besoin de le voir. Oh ! rien de sérieux ! Une affaire de débit de