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question d’accidents de ce genre et le tort plus grand de le citer en riant bêtement d’un rire forcé. Je saisis, à un coup d’œil de mon frère, qu’il est douloureusement surpris de mon « état ». Adrienne hausse (— à peine ! —) les épaules et a une petite grimace de mépris. Je suis perdu, noyé ! Il m’est impossible de répondre quand on me parle ou je balbutie des âneries incohérentes. Je demande, en regardant la pendule : « Est-ce qu’elle sonne ? » — pour dire quelque chose, n’importe quoi… Serait-ce aussi afin qu’une nouvelle absurdité effaçât le souvenir des précédentes, fît naître un sujet de conversation capable d’orienter les esprits et les regards vers un point de l’espace autre que celui que j’occupe ? Le calcul ne serait pas heureux, car les quatre yeux — (parfois les six quand le lorgnon se met de la partie), — se braquent de plus en plus fixement sur moi. Je comprends que ma figure prend une expression niaisement enfantine, puis une autre abjectement prétentieuse. Je suis odieux, ignoble !

Kmôhoûn qui est mal luné me répète toutes les cinq minutes :

— Ces gens-là savent bien maintenant que tu n’es pas guéri, — que tu es fou, fou, fou !

Quel soulagement quand, le café pris, Adrienne s’éclipse pour nous laisser fumer à notre aise, mon frère et moi ! Mais je suis vite remis sur le gril.

Mon frère paraît inquiet. Il m’examine à la dérobée ; il ne m’adresse que des réflexions banales,