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taire » point trop accéléré, c’est ce qu’il y a de mieux….. J’évite le village — et aussi le bois où l’on me cherchera tout d’abord. Il y a un chemin peu fréquenté le soir, là-bas derrière le cimetière. Le sol en est, en toutes saisons, boueux et plein d’ornières profondes. Tant pis ! il mène à l’autre route, à celle qui va sur Vercheville où un train pour Paris passe à dix heures trois quarts. Pas si bête que de monter en wagon à Mesnil-Mauconduit ; c’est plus près, mais la station sera surveillée. Il y a, pour des marcheurs ordinaires, trois heures de bonne trotte de Vassetot à Vercheville ; mais j’ai un de ces compas !….. Personne ne me croira assez malin, — (on prononcera : assez stupide), — pour courir si loin. J’arriverai à temps, je n’ai qu’à allonger…..

Il fait de plus en plus noir. Tout s’annonce bien. Je me crotte légèrement derrière le cimetière mais j’avance, j’avance !

Aïe !… je n’avais jamais suivi la sente jusqu’au bout. À un coude, voici une maison éclairée, — deux maisons, — trois maisons ! Des chiens hurlent….. Je vais sortir du chemin, franchir cette haie, passer derrière ce bouquet de bois. Mais on m’a vu. Un homme porteur d’une lanterne me crie :

— Eh ! l’marcheux d’nuit ! Qu’est-ce que vous f…ichez sur la haîlle ?

J’enjambe mais ne puis me débarrasser des ronces qui agrippent mon pantalon.