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matin. Deux heures après son installation, il connaissait tout dans l’établissement, les malades, les gardiens, les infirmières, les terrains, les dépendances, — et un certain plissement de ses lèvres disait qu’il avait aussi son opinion faite sur tout — (plutôt défavorable). Il m’a consacré un peu plus d’une minute, — (je dois être un cas intéressant !) — et m’a tenu ce bref discours : « Trop de liberté ! Je sais beaucoup de choses sur votre compte. Trop de liberté ! Mauvais système : nous modifierons. »

Après quoi ses yeux sournois ont pris de mon individu une sorte de photographie et quand il a été bien sûr qu’il me « savait par cœur », depuis la cicatrice de mon sourcil gauche jusqu’à l’oignon qui déforme ma bottine droite, il m’a tourné le dos et a enjoint à Léonard, présent à la scène, de l’accompagner un instant.

Dans le couloir, il a parlé bas à mon gardien qui est rentré avec une figure préoccupée et m’a témoigné, pour la première fois, de la méfiance et presque de l’antipathie.

Le nouveau médecin-adjoint, de plus en plus surveillant de lycée, secoue son effrayant trousseau de clefs en marchant. Il fait évidemment une seconde ronde, — la tournée d’après-midi. Oh ! il est actif, l’ « adjoint » ! — Si l’on peut dire sans impiété qu’un établissement comme celui-ci a connu une période heureuse, — il est aussi loisible d’affirmer que les « beaux jours » de Vassetot sont finis.

L’homme aux guêtres noires va droit aux infir-