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Son visage affecte même une telle expression de soulagement, de béatitude, que j’y suis presque trompé.

Quoi qu’il en soit, je saisis que trop d’insistance pourrait devenir de la cruauté. Et cette fois le mal est sans remède. Comment ferai-je, plus tard, pour délicatement (?) obliger le Docteur à accepter une compensation de nature encore peu facile à déterminer ?

Puis voici qu’une nouvelle angoisse s’empare de moi : non seulement je me désespère de penser qu’Irène est partie !….. et par ma faute ! — à la suite de mon crime ! (dirais-je presque !) mais encore je suis épouvanté en songeant à ce qui peut lui arriver maintenant, sous la coupe du sieur Letellier ! — Et j’abuse de la bonté du père Froin en lui posant cette question :

— Mais, Docteur, savez-vous si cette pauvre femme ne va pas souffrir beaucoup….. et à cause de moi ? Il me semble avoir entendu dire, naguère, que son mari était un assez odieux personnage ?

— On aura exagéré. Il est très populaire dans l’arrondissement, si populaire qu’il pose, pour la première fois, sa candidature aux prochaines élections législatives, — sans concurrent ! C’est justement pour cela qu’il ne veut pas d’histoires. C’est son mot : pas d’histoires ! Et — bien qu’il ait été très désagréable envers moi, — je ne le crois pas méchant. Dame ! il avait ses raisons de m’en vouloir. Je sais me mettre à la place des gens !