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» J’ai tenté de faire comprendre à ce monsieur qu’il ne savait pas garder jusqu’au bout les apparences de la politesse et qu’il m’injuriait, à présent. Mais j’en ai été pour mes peines. En termes un peu plus réservés, peut-être, il m’a dès lors, harcelé avec des raffinements d’élégante barbarie inconnus de mes deux jeunes confrères eux-mêmes.

» À une question posée par lui, la « malade » — (car je crois à une crise de lucidité mais non à une guérison) — la malade a répondu qu’elle ne voulait plus rester dans la maison de santé mais que, connaissant l’horreur de M. Letellier pour le bruit, elle avait résolu d’attendre, sans dire un mot, la visite mensuelle de son mari : elle n’aurait même pas alors raconté ce qui s’était passé, n’ayant aucun désir de me nuire, bien au contraire, mais se fût sentie certaine, en tout cas, de prouver que sa libération s’imposait. N’était-elle pas complètement remise des troubles mentaux qui avaient nécessité son internement ?

» Malgré mes doutes que se refusèrent à partager mes deux confrères qui l’avaient vue, en tout, un peu moins d’une demi-heure, je me vis forcé de signer l’exeat séance tenante. — Voilà tout.

J’essaie de témoigner au docteur tout le repentir que j’éprouve du mal que je lui ai fait sans le vouloir, mais le brave homme m’impose silence et se déclare maintenant ravi d’être débarrassé bientôt d’une charge trop lourde pour lui.