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d’être l’auditeur attentif. Comment se fait-il, monsieur, que vous n’ayez pas eu tout au moins des doutes ? Et la guérison ne date pas d’hier ! Je ne me permettrai pas, certes, de vous taxer de légèreté, mais il y avait là un cas de conscience, monsieur, un cas de conscience ! Ne pouviez-vous avertir M. Letellier du mieux que vous avez dû tout au moins constater chez Madame ? Car alors, enfin, dans le cas contraire, que devrions-nous penser ? Excusez-moi de vous parler avec cette chaleur. Je sais ce que je dois d’égards à votre longue, longue carrière, aux épuisantes années de surmenage qu’elle représente, mais avez-vous songé à votre responsabilité ? Un médecin-aliéniste ne doit perdre de vue aucun, aucune de ses pensionnaires. Oh ! je ne m’oublierai jamais jusqu’à blâmer ! Je constate respectueusement et regrette d’avoir à constater ! »

» M. Letellier a pâli de colère : « Comment, Docteur, ma femme est guérie et je n’en savais rien ! »

» Puis il est redevenu sarcastique : « C’est un établissement privilégié que celui-ci ; tout y finit bien ; les accidents qui pourraient avoir ailleurs les plus fâcheuses conséquences, déterminent ici les réactions les plus heureuses. Je sais ce que vous allez me dire, monsieur le Dr  Froin : vous aviez prévu le résultat favorable de cet accident, de cette expérience, plutôt, car c’est une expérience, n’est-ce pas ? »