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une épouvantable râclée bien méritée. Mais la jalousie l’avait trop travaillé : la jalousie ! Il voulait savoir et pour cela il fallait venir à Vassetot. La jalousie !! Vraiment il a une pauvre opinion de mon esthétique ! Au fait, pourtant, la dame Roffieux, ma cousine par alliance, me témoignait depuis quelque temps une bienveillance inaccoutumée. Ingrat que je suis ! Je ne m’en rends compte qu’à présent mais je n’ai pas de remords de mon insensibilité.

Oui, la jalousie avait travaillé l’othellesque Elzéar. Mon Dieu ! Si sa femme éprise d’un autre allait le rendre victime, lui Roffieux, de noires machinations ayant pour but le divorce ! Si elle parvenait à ses fins, pourtant ! et me faisait le légitime possesseur non seulement de ses charmes peu regrettables mais encore d’une belle, d’une très belle collection de billets de banque, d’obligations et d’autres délicieux papiers, de ceux que l’on n’oublie jamais quand on les a palpés et dont la perte endeuille à jamais le cœur d’un homme de bon sens !… Je sortirais en triomphateur de la maison Froin pour frustrer de toute joie terrestre le déplorable Elzéar auquel il ne resterait plus que ses yeux pour pleurer, avec une trentaine de pauvres mille livres de rentes, le produit de ses minoteries et quelques mauvaises propriétés à faire valoir ! Ah ! plutôt que de se voir réduit à un pareil dénûment, il se fût résolu à la lutte et au martyre ! Et que risquait-il en venant me « sonder » avant de me confronter avec ma