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lop sur une route boueuse ; la fange vole, éclabousse le sinistre char de grosses macules jaunâtres et… tout disparaît.

III

Inconsciemment, encore épouvanté de l’abominable vision, je suis revenu dans ma chambre où Léonard, tombé sur une chaise, les bras ballants, les yeux hors de la tête, contemple avec une stupeur effrayée une face vraiment repoussante, — qui est la mienne. Cette figure monstrueuse où l’on retrouve mes traits est violette, noire, — de fureur, — c’est évident. Je comprends l’effroi de Léonard. Je n’ai, certes, jamais été beau ; soyons franc. J’ai toujours été laid, laid sans exagération, — mais LAID. On ne peut pas me refuser cela. À aucune époque, toutefois, mon disgracieux visage n’a été répugnant ; mais cette tête qui roule sur mon oreiller excite positivement le dégoût, la haine et la peur ; mon nez de forme tourmentée ressemble à présent à un groin cabossé ; mes vilains yeux aux prunelles habituellement jaunes, d’un jaune passé, ne gagnent rien à darder ces flammes rouges — puis verdâtres. Ma bouche ouverte et baveuse montre une langue tuméfiée. Je suis une horreur !

Qu’a bien pu faire chez moi le détestable tkoukrien Kmôhoûn ?