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mutisme des « gens fiers », des « mufes bourgeois » ; (je dois lui faire l’effet d’un bourgeois, hélas !) Je lui pose donc la première question venue :

— Et Roffieux ? mon cousin ? A-t-on reçu des nouvelles de lui depuis qu’il m’a voituré jusqu’ici ?

— Ah ! il est venu il y a cinq jours, lundi dernier, il est parti une domieure (demi-heure) après, très contrarié : il disait comme ça qu’il avait bien de l’ennui que Monsieur voulait pas le reconnaître et qu’il reviendrait peut-être l’autre lundi, après-demain.

Voici qu’une nouvelle idée me traverse le cerveau : une idée de fou, certainement. Je me rappelle, à présent, avoir parlé au Directeur, mais il me semble qu’à peu de minutes d’intervalle il a subi une métamorphose complète : d’abord grand, gros, peut-être sexagénaire, il est devenu tout à coup jeune, de taille et d’embonpoint plus que médiocres, son poil grisonnant a pris des teintes d’un fauve roux. La voix seule ne changeait pas. Je confie ma singulière impression à mon gardien, tout en prenant soin de la « traduire » de manière aussi peu démente que possible.

— Non, non ! me répond l’homme aux moustaches éplorées. Notre maison n’a pas deux directeurs. Voilà ce qu’il y a : le Patron, le Dr Froin, le seul patron, a amené, comme adjoint, qu’y disent, de son pays, de Franche-Comté, — une espèce de petit singe de médecin qui a le même agzent que