Page:Nau - Force ennemie.djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lant des yeux féroces, en gonflant les veines de leurs fronts, en ahannant comme à bout d’efforts, qu’ils traînent leur dangereuse prisonnière, abêtie de cette subite frénésie, dans le cabinet directorial. Le Dr  Froin, — depuis longtemps blasé sur l’enfantine mise en scène de cette comédie, — hausse les épaules :

— Voyons, Léonard, lâchez un peu cette dame. Vous finiriez par « faire semblant » de la brutaliser, ce qui ne serait plus dans l’esprit d’un rôle jusqu’à présent si bien joué, — trop bien joué. Tenez, Robidor, voici ce que je vous dois ; vous pouvez vous retirer.

Le gros cocher sort après une révérence de maîtresse de pensionnat.

Près du Dr  Froin se tient Bid’homme, mais un Bid’homme encore une fois transformé, un Bid’homme sans bottes et sans cravache, grave, « distingué », — un peu trop inspiré, peut-être, — un médecin-aliéniste pour « Graphic » ou « Monde Illustré ». Sa voix est encore plus gutturale, plus insistante qu’à l’ordinaire quand il interroge Léonard au sujet des « désordres observés » mais sa politesse envers la « malade » est parfaite. Le père Froin est visiblement charmé de la tenue de son adjoint qu’il regarde d’un œil paternel.

— C’est-y vrai que je vais voir mes enfants ? demande la folle.

— Mon Dieu, Mâdâme, trombonise Bid’homme, vous me permettrez de vous faire observer qu’il