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l’air d’en avoir quatre-vingt-dix, ça s’attaque aux hommes mûrs ! Vous n’êtes pas dégoûtée de vous-même, Eulalie ?… Non, Madame ! vous ne m’embrasserez pas ! Ça vous fournirait encore un stock d’idées indécentes !

— Des idées indécentes ! s’exclame la malheureuse femme, peut-on dire ! Moi qui n’aime que les moutons frisés et les pigeons-voyageurs !

La pudeur de M. Frédéric doit être bien facile à effaroucher ! Où a-t-il pris que cette triste bonne femme pût être jamais dangereuse pour les vertus fragiles ? L’érotisme de ce pauvre vieux hareng-saur d’Eulalie me paraît des moins sénégalais, jusqu’à présent !

Robertine semble partager ma manière de voir car je l’entends ronchonner une espèce de protestation d’où je puis extraire ces bouts de phrase :

— B’en vrai ! Si c’t’elle-là est polissonne !… pas pitié d’une pareille esquelette !… S’est racheté une verginité, l’père Frédéric !… a pus peur des anciennes que des « jeunesses », l’vieux bouc !

Mais nous voici dans la rue. Léonard s’approche de la voiture et va aider la mère Charlemaine à y monter quand… frrrrt !… la folle dégage son bras, fait un petit bond de côté et prend sa course dans la direction du bassin. Robidor et Léonard lui donnent immédiatement la chasse, bientôt suivis de M. Frédéric qui, vite, a été s’armer d’un fouet à chiens. Elle a encore de bonnes jambes, la brave