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tandis que Léonard se frotte les yeux, puis développe son chapeau et s’en coiffe :

— J’ai vu bien des chevaux dans ma… grue d’existence, mais pas un qui aurait fait le pouël à Bicot ; ce bougre-là y sait toujours par à peu près par où qu’on va. C’est vrai qu’il est oppo-ô-osé d’avancer par ces… souteneurs (?) de charretiers, mais enfin « y en a d’aucuns » chevaux qui seraient montés su’l’ crottoir. Lui pas ; y vouët l’auberge à quinze pas et y s’dit : « Pas la peine de faire des « oréginalités » quand « y ya » qu’un… soupir à pousser pour arriver. Et pisqu’y ya de la salade, j’vas « manger un morceau » !

— Ah ! l’failli canasson ! réplique Léonard, « c’est ’core un particuyer dans l’genre à son maître ».

Robidor paraît flatté, plus encore lorsque mon gardien ajoute :

— ’Coute un peu : tu vas remiser ici ta roulotte et ton poulet d’Inde, chez Angu-Postel. Moi, j’en ai pas pour longtemps chez le Maire qui va me dire où que reste le parent de la mère Charlemaine ; paraît que c’est tout près. Je vas avertir le copain qu’y fasse un baluchon pour sa cousine et qu’y la mette décente pour quand je viendrai l’emballer su’l’coup de trois heures. Ton animal ne peut pas repartir avant, pas vrai ? ’l est claqué comme un vieux ballon. B’en dans vingt minutes, une domieure, j’te r’joins chez Angu-Postel : dans le cas que tu te dessaoulerais, on prendrait un verre… ou deux ; ensuite on mangerait c’qu’y aurait, puis