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« Il flotte du regret dans l’air qui nous embaume
« Et sous les diamants pourpre massés en dôme
« Des brèves apothéoses crépusculaires,
« Poudrant de feux les bruns sabliers des savanes
« Les tentures et les aigrettes somptueuses
« Des forêts, dais mouvants aux myrrhes capiteuses, —
« Bientôt vont bourdonner les nocturnes dianes
« Du réveil de la vie occulte :

« Abeilles-tambourins, fifres-cigales
« Vrombiront, strideront, — pour quelles Saturnales ? —
« Rappels inconscients, mystères de quel culte
« Qui couve, agonisant, dans les troubles mémoires
« Et qu’un frisson d’ « ailleurs » attise aux heures noires,
« Dans la sylve épaisse, au flanc du morne complice ?

« Chantez de votre voix si chaude, si vibrante
« Et si rare ! C’est le mystique instant propice
« A l’évocation de l’Ame Unique errante
« Qui se révèle en nous révélant et replonge
« Au gouffre aveuglant des clartés trop radieuses,
« Nous relivrant aux semblances insidieuses,
« Nous, ses parcelles, nous ses avatars de Songe,
« Menus brillants novés du collier de lumière…