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Reflétait l’âme violemment harmonique,
Ardemment douce, — et les sortilèges secrets
De la mer Caraïbe et des forêts
De l’envoûtante, alliciante Martinique !



Et comme s’affirmait sa vision
Ciselant et peignant la délicate amie,
Si cruelle à sa passion, —
De courts battements clairs sur la rade accalmie
Tombaient en un éclaboussement musical,..
Un sillage de neige en traîne pétillante,
Aux dessous brodés par l’Océan tropical
De confus œils de paon sur soie étincelante
Rasait la muraille noire oscillante :

Une yole où ramaient deux coolees de Karikal
Et le vieux patron câpre à figure placide
Filait le long du bord, tressautante et rapide,
Décrivait des circuits planants de tiercelet,
Puis resserrait son vol glissant, — toute frôleuse,
Et fascinante, — d’un rose un rien violet, —
Enlaçant les trois mâts de sa spire enjôleuse :