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Tout près, à terre à l’arôme acidulé
Des oranges vertes et des mangotines
Poivré de goyave et de vétiver mêlé, —
Sous le crépuscule embaumé du haut feuillage
En dômes aigrettes de cocotiers ténus
Des dalles bruissaient sous des pieds nus,
Par le demi-sommeil du Marché du Mouillage,
Où la fontaine chantonnait tout bas,
Gazouillante et purement frissonnante.

Dans la myrrhe d’aurorales Sabas,
Des reines brunes à gaule traînante,
Aux madras teints de solaires gaîtés, —
Couronnes de luisantes chevelures,
Dont fuyaient de fins anneaux révoltés
Sortaient processionnellement des verdures.

Guettant leurs lentes ondulations
De lianes aux brises rhytmiques
Les lisses et rondes flexions
Des cols, nacre de bronze, aux colorations
Plus chaudes que les tons éclatants des tuniques,
Il les suivait, d’un œil complice, un long moment
En leur nonchalante mutinerie
Vers leurs cases qui bordaient l’eau fleurie,
Tout en regardant douloureusement