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Ceux dont l’effusion lointaine et recueillie
A l’âpre exquisité de tels sombres œillets
Dans le soir pourpre, — sous le tremblement stellaire
Délicieusement triste, — pleurs contenus :
André Lemoyne, Dierx, le divin Baudelaire,
L’ange déchu Verlaine aux tourments ingénus
Et le magicien Poictevin, dont la prose
Est un vers plus fluide à l’orient troublant
Qui surprendrait l’émoi nuancé, tressaillant
De la rosée au cœur d’aurore d’une rose
Ou la musique des rayons sur un cristal.
Il prend chaque subtil et précieux volume
Et tourne les feuillets comme un exilé hume
Les senteurs qui jadis montaient du Sol natal…



Seul, demeure en un coin du tiroir, tout livide,
Tout froissé, tavelé des rouilles de la mer,
Gardant, après des ans, comme un reflet humide
D’abîme gris, béant sous la pâleur de l’air,
Un gros cahier rugueux qui sort d’une enveloppe,
Bien brillante pour lui ! — de moire héliotrope :
L’écriture indécise et brusque, — il la connaît ;
Et c’est tout un passé bizarre qui renaît :