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Qui les brise d’un grand sursaut pesant et fort,
Les éparpille en grains tourbillonnants — et vite,
Les ensevelit d’un souple effort
Dans une nuit de pourpre subite



Derrière le rempart moussu de troncs grossiers
C’est l’affût sous la lune de jade
Qui met un halo blême au cristal des glaciers ;
Mais seuls, droits, accrochés aux griffes des ronciers
Des squelettes raidis veillent dans l’embuscade.



Traîtreusement, à lents coups de gaffe prudents,
Guettant, au petit jour, la bourgade ennemie, —
Brunâtre, — sous ses toits de cuir sourd endormie
Contre l’escarpement des rocs taillés en dents,
Des fantômes velus, dans le fjord diabolique
Dont les murs de falaise ont un éclat brutal, —
Dans l’aube, — d’improbable et funèbre métal, —
Poussent, sur l’eau de bronze, un ramperaient oblique
De barques plates, où gisent, cois, des guerriers
Aux chocs mats des estocs contre les boucliers.