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Au bout d’un long tunnel de lianes frôleuses,
Sous-bois de l’Equateur près des plages du Nord,
Scintille un orbe flou dont les verdeurs cuivreuses
Se nuancent d’agathe et d’étain vers le bord, —
Mare torpide qui reflète l’ondoyance
De frondaisons que moire un frisselis furtif
Et des plantes au mol élancement passif :
Dans ce foisonnement feuillu, c’est comme une anse
De grand lac qui s’égrène en d’épaisses forets
Et dont une autre gemme, au-delà des tourrés
De rameaux retombant en souples masses sombres,
Brille aussi doucement dans une demi-nuit,
Tandis qu’au loin, roulant ses llaves flots sans ombres
L’eau libre, sous un ciel inconnu, resplendit.



— Puis la sylve n’est plus qu’un taillis de dentelles
Qui se déchirent en lambeaux éparpillés ;
Des gazons, plus poudrés de brillants que mouillés,
vent de rochers, en minces cascatelles
Les sources du « grand lac sauvage » disparu.