Page:Nau - Au seuil de l’espoir, 1897.djvu/118

Cette page n’a pas encore été corrigée

De tous chemins hormis des routes de la mer :
— Des môles vacillants tendant leurs marches hautes, —
Aux vides ouverts sur l’abîme glauque et clair, —
Pourrissent en repos, — gravis de rares hôtes, —
Allongeant leurs balcons glissants et périlleux
Au-dessus des fourrés de mangliers saumâtres :
— A terre, sous le poids des feuillages houleux
Montent les fûts luisants de colonnes brunâtres,
Frôlés des éventails rêches des Luanicrs,
Des fils de chatoyant métal des orchidées
Et des fins boucliers cafres des bananiers.

Dans le frissonnement lourd des feuilles, — bordées
De minces liserés d’or fuyant, — au plus fort
De l’Océan mouvant des profondes verdures
Où le rouge sentier s’enfonce avec effort,
Comme moite du sang frais des essences dures,
Dans rôdeur de résine aux baumes concentrés
Qui fuse des fourrés sauvages, — invisibles, —
Une porte baillant aux brises insensibles
Montre une chambre calme en l’épais des forêts :

C’est là qu’il a connu les bizarres tendresses
De femmes noires aux souplesses de cobra,
Aux yeux brûlants et fous, — sorcières ou prêtresses,
Aux torses nus frottés de musc et de koprah ;