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NATURE.

(me laissant mes yeux,) que la nature ne peut réparer. Debout sur le sol nu, - ma tête baignée par l'air vif, et soulevée dans l'espace infini,- tout égoïsme mesquin disparaît. Je deviens un globe oculaire transparent ; je ne suis rien ; je vois tout ; les courants de l'Être universel circulent en moi ; je suis une partie d'une particule de Dieu. Le nom de l'ami le plus proche semble étranger et accidentel : être frères, être connaissances, - maître ou serviteur, est alors une futilité et un trouble. Je suis l'amoureux de la beauté immortelle et sans limites. Dans la nature sauvage, je trouve quelque chose de plus cher et de plus familier que dans les rues ou les villages. Dans le paysage tranquille, et surtout dans la ligne lointaine de l'horizon, l'homme voit quelque chose d'aussi beau que sa propre nature. Le plus grand plaisir que procurent les champs et les bois, c'est la suggestion d'une relation occulte entre l'homme et le végétal. Je ne suis pas seul et non reconnu. Ils me font signe et je leur fais signe. L'ondulation des branches dans la tempête est nouvelle et ancienne pour moi. Il me prend par surprise, et pourtant il n'est pas inconnu. Son effet est comme celui d'une pensée plus élevée ou d'une meilleure émotion qui m'envahit, lorsque j'estime que je pense juste ou que je fais bien. Pourtant, il est certain que le pouvoir de produire ce plaisir ne réside pas dans la nature, mais dans l'homme, ou dans une harmonie entre les deux. Il est nécessaire d'utiliser ces plaisirs avec une grande tempérance. Car,