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bibliothèque Fraser et l’on m’a passé votre dernier livre ; je n’ai pas eu la peine de l’acheter ». Premier exemple de la gloire littéraire ! »

— « Je pourrais, sans risque de me tromper, te nommer cette dame », fit Francœur en riant.

— « Pour l’amour ! Louis, ne va pas la nommer ! J’ai déjà assez d’embêtements ! Laisse-moi plutôt vous citer mon autre exemple. Un autre jour que je me trouvais encore « trappé » dans un cercle également snob de dames à prétentions littéraires, l’une d’elles me demanda le titre de mon plus récent ouvrage. Je répondis sur un ton bien naturel : « Les statues de neige ». Ce fut un concert d’éloges à en perdre la tête, mes amis ! Toutes ces dames l’avaient acheté, toutes l’avaient lu et relu. Pendant un bon quart d’heure, je croulai sous les compliments. »

— « Épatant, mon vieux ! Tu as dû te croire transporté au septième ciel ? »

— « De quoi te plains-tu ? remarqua Francœur. Tu peux te vanter d’avoir été apprécié. »

— « Vous oubliez, ou plutôt vous ignorez un tout petit détail, mes amis, c’est que je n’ai jamais écrit un livre qui s’intitulait « Les statues de neige » !

— « Petit pendard ! je ne te pardonnerai jamais de nous avoir fait ainsi marcher ! » conclut Francœur.

Quant au diable qui riait sous cape, il m’offrit un autre verre de rhum, en m’exprimant son regret que Francœur ne puisse nous accompagner. Puis le télé-vidéo se ferma et mon vieil ami Louis Francœur disparut de l’écran. Le diable me fit remarquer que Francœur l’avait énormément in-