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ton, elle se répète, tout comme se répètent les vieux films de France-Film à la TV ! »

— « Pour en revenir à la question, disons qu’il en coûte bien cher pour apprendre à lire à nos enfants », ajouta Francœur.

— « J’en conviens, reprit le diable. Cela vous coûte des millions en taxes, c’est entendu. Mais une fois instruits, qu’est-ce que vos enfants lisent ? »

— « Je vais te le dire, mon vieux, 99.44% (comme disent les annonces de savon) ne liront jamais d’autre chose que les « comics », les rapports du sport, la biographie de tous les veaux à cinq pattes qui s’illustrent au cinéma ou au théâtre de la chansonnette française ! »

— « Écoute, me répondit Francœur, tu exagères un peu ! Il faut tout de même que nos enfants s’instruisent pour gagner plus facilement leur vie. »

— « J’en connais même, fit le diable, en riant, qui gagnent très bien leur vie en écrivant. »

— « Oui ? En tout cas, dit Francœur, vous pouvez être assuré, monsieur le diable, que ni mon compagnon ni moi ne sommes de ces gens-là. »

— « Tu te rappelles, Louis, qu’Alfred Desrochers disait que nous étions des « littératés » et il se classait généreusement avec nous. »

— « Mes pauvres amis, reprit le diable, je vous plains et je vous blâme un peu aussi. Vous deux, Desrochers, Choquette et combien d’autres n’avez jamais su cultiver le genre littéraire qui paie réellement. Par contre, ouvrez les journaux, et presque tous les jours, vous y verrez une nouvelle dans le genre de celle-ci : « Un individu s’est pré-