c’est la déconvenue des médecins. Et réellement, vous eussiez tous ri de bon cœur en voyant les grimaces de la momie devant les docteurs lorsque ceux-ci n’osèrent plus se refuser à l’évidence.
« Je ne danserai certainement jamais, continua Keith, je boiterai probablement toute ma vie ; mais je ne souffre pas et mes jambes reprennent de la force chaque jour. » Alors, d’une voix émue, il ajouta :
« Mlle Marine pourrait vous dire ce qu’étaient mes blessures, qu’avec ses petites mains elle soignait sans dégoût. »
Marine rougit vivement. Et puis Ferdinand demanda encore cent choses à propos de la sorcière et de l’ambulance de Scutari.
… Un matin, Ferdinand et lord Keith se promenaient dans le jardin de la villa. Interrogé, le premier répondit, puis il questionna à son tour ; mais alors Harry parut embarrassé, hésitant… Bientôt la conversation tomba tout à fait.
Au bout d’un instant, Ferdinand se planta devant son ami, qu’il regarda bien en face.
« Mon cher Harry, lui dit-il, voulez-vous me permettre de lire dans vos pensées ?
— Mon Dieu, Résort, vous n’avez rien à y lire que je désirasse vous céler.
— Parlez donc franchement ! »
Mais l’autre restait muet.
« Eh bien, reprit Ferdinand, vous me permettrez, mylord Keith, de vous dire à quel point mon amitié souffre de cette méfiance.
— Résort, je ne me méfie en aucune façon ; seulement, ayant aussi cru deviner vos pensées, vos projets, ceux de vos parents…, vous comprenez, my dear, et puis vous êtes mon ami… Enfin, je voulais…
— Allons, Keith, tachons de rester dans la vérité, et, Dieu merci, vous en êtes bien loin. Mon cher ami, en deux mots, répondez, au nom de notre affection. Est-il vrai que, désirant obtenir la main de Marine, vous n’osiez en parler à mes parents, parce que vous vous imaginez que moi-même je songe à notre petite épave ?
— Oui, telles sont mes pensées, vous jugeant d’ailleurs plus digne…
— Bah ! mon cher Harry, vous jugiez mal. Marine n’est pas ma sœur ; cependant je la regarde comme telle, et jamais ce sentiment n’a varié et ne variera. Je suis également persuadé que mes parents n’ont pas une fois songé à unir leur fille adoptive et leur fils. Ah ! il ne faut pas vous évanouir, » s’écria Ferdinand en prenant le bras de son ami.
Harry avait pâli soudainement. « C’est la joie, dit-il en souriant,