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J’ai un ami… »


CHAPITRE XXXII

Propos de guerre et d’hymen.


Le 24 mai 1855, les escadres alliées entraient triomphantes dans la mer d’Azof. Kersch venait de se rendre, comme se rendirent Jénikalé et Anapa. La ville et la forteresse de cette dernière place furent trouvées désertes.

Les bâtiments mouillèrent devant Anapa, et le soir même il y eut à bord du Montebello un grand dîner offert par l’amiral Bruat à tous les commandants français et à plusieurs officiers.

L’amiral se montrait enchanté. Pour ses convives, après ces longs mois de croisière au cours de ce dur hiver, le calme dans ces eaux tranquilles paraissait délicieux.

L’amiral Bruat joignait à une bravoure commune à plusieurs un esprit résolu, précis, mais aimable et enjoué. Profondément bon aussi, peu de chefs ont été aimés et appréciés comme celui-là.

Naturellement on parla de la guerre, de ses succès, du siège, de l’investissement et d’une nouvelle récente : la démission du général Canrobert, descendu de sa dignité de général en chef pour solliciter l’emploi de commandant d’une division. Et l’amiral Bruat admirait la grandeur d’âme du général.

« Enfin, dit M. Jurien de la Gravière, commandant du Montebello,