Page:Nanteuil, L’épave mystérieuse, 1891.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Les portes restaient grandes ouvertes.

L’ÉPAVE MYSTÉRIEUSE




CHAPITRE PREMIER

En carriole.


Entre Cherbourg et les chefs-lieux des cantons voisins, les grandes routes autrefois, mal entretenues, devenaient presque impraticables après les pluies de l’hiver ; les ornières s’y creusaient alors plus profondes et plus inégales.

Sans s’inquiéter des mauvais chemins, deux ou trois fois par an, des hommes, des femmes, des enfants quittaient Cherbourg avant l’aube : les uns s’empilaient dans des véhicules de tous les genres, mais le plus grand nombre s’en allait à pied. Tous parcouraient environ trois lieues ; ensuite, après avoir gravi une côte abrupte et avant d’entrer à Beaumont, voitures et piétons abandonnaient la route pour s’engager au milieu des landes qui s’étendent à perte de vue sur le plateau de la Hague. À droite, à gauche, de l’est au sud et au nord, partout la grande lande, verte ou noire suivant la saison ; quelques rares fermes çà et là, entourées de maigres bou-