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Tous deux se promenaient.


CHAPITRE XXI

Réconciliation.


…Un matin, la Coquette naviguait au plus près, méritant de nouveau son nom : peinte à neuf, réparée, brillante, elle glissait sur le Pacifique, vent arrière, par une jolie brise de sud-sud-ouest. Les gabiers chantaient dans les hunes, encore habitées par de nombreux perroquets et perruches achetés au Chili, tous ceux du Brésil ayant succombé au cap Horn. Stop et Pluton paraissaient causer, assis gravement à l’ombre d’une bonnette ; peut-être médisaient-ils de Mademoiselle, demeurée leur plus grosse aversion, leur seule antipathie, car avec les perruches et les autres bêtes le chien et le chat faisaient bon ménage.

Pauvre Mademoiselle ! on avait pensé la perdre, quoiqu’elle n’eût pas quitté la chambre du commandant aux heures froides et durant les tempêtes. Blottie sous les couvertures, l’édredon ramené jusqu’à ses yeux, dans ce lit où Le Toullec n’entra pas durant trois semaines, Mademoiselle paraissait mourante, vivant de biscuit et de café noir que lui apportait Marius, le maître d’hôtel. À Valparaiso seulement elle reprit sa gaieté et ses malices. Et, vraiment, c’était une gentille bête, malgré l’opinion contraire du chien et du chat. À terre, vêtue d’un léger tricot, il fallait la voir, une main dans la main de Marius,