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se lassait pas d’en parler, à la grande exaspération du malheureux commandant.

Cependant ce dernier donna immédiatement une preuve de sa bonté. Le troisième jour, la chaleur augmentant encore, il fit appeler l’enseigne qui remplaçait le lieutenant, étant après celui-ci le plus ancien de grade.

« Hubert, dit-il, je lève les arrêts de M. de Langelle, veuillez l’en prévenir. »

Cinq minutes se passèrent et l’enseigne rentra dans le salon.

« Commandant, dit-il hésitant un peu et comme s’il eût cherché ses paroles, commandant, le lieutenant… affirme que vous l’avez… mis aux arrêts de rigueur jusqu’à Rio, et qu’il entend les garder jusque-là.

— C’est bien, monsieur, vous pouvez apprendre à M. de Langelle qu’à Rio, moi, j’écrirai au ministre pour réclamer un conseil d’enquête, et alors l’inqualifiable conduite de mon second sera jugée et la réforme prononcée contre lui, j’en ai la conviction. Allez, monsieur. »

Resté seul, le commandant s’enferma ; aussitôt, avec des larmes de rage dans les yeux, il passa sa colère sur ses meubles : une chaise, deux fauteuils payèrent pour le lieutenant et furent presque réduits en poussière. Réfugié sur le haut d’une armoire, témoin involontaire de la scène, Pluton, terrifié, n’osait bouger ni s’enfuir ; ses yeux verts dilatés, il se demandait sûrement si son tour n’allait pas arriver bientôt, et si cet énergumène ne mettrait pas en pièces les chats comme les meubles.