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VI

LES AMOUREUX DE LA FORÊT


La nuit pousse ses premières ombres sur la baie.

Par centaines, les poissons sautent, font des cercles mouvants où disparaissent les queues argentées. Les grenouilles continuent à épaissir l’ombre avec leurs cris…

Plusieurs canots sont remplis de jeunes gens, tellement est bon l’air du soir épuré par le silence. Deux frères s’amusent à lancer des roches, sur le miroir mauve. Les chiens du Dépôt nagent, cherchant les oiseaux de plomb. Ils reviennent à la hâte, s’assoient attentifs, regardent, avec des yeux bombés, et sautent de nouveau dans l’onde en jappant.

Dans un des chantiers, une dizaine de vieux sont déjà à leur aise. Les pieds nus s’étirent, laissant voir des orteils plissés comme des figues sèches. Les chemises évaporent la sueur, sur des gaules tendues, entre deux ormes. Sur les toiles