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LES ÉQUIPES SE FORMENT

une chaleur de ferme. Les gars aspirent cet arôme de la terre et deviennent pensifs. Sans doute, ils revoient Cécile et Thérèse levant les veilloches, d’un geste gracieux, pour les jeter, gorge nue, sur la charge montante, là-bas, au pays.

Les balles sont empilées hautes, à l’entrée, car il faudra partir demain, « au p’tit jour »… Parfois, une broche d’attache se brise. Le carré jaune s’arrondit comme un chat furieux. Il faut rattacher. Des brins de foin piquent l’œil, entrent sous les ongles, dans le cou. Peu importe, c’est la belle vie…

Je plains surtout le pauvre commis de la « van ». Il lui faut vendre à tous allumettes, tabac, papier à écrire, timbres, mouchoirs, crayons, pipes, gants, pour pouvoir rouler à sec chemises, et toutes les nécessités des voyageurs.

Jusqu’à six cents factures sont écrites en moins de trois heures. Les employés montrent avec orgueil leurs numéros matricules, plaque bleue avec chiffres dorés. Des papillons d’azur suspendus aux casquettes, à la ceinture, aux habits.

Un groupe va choisir les boîtes de téléphone, la broche, chargée de soleil, afin que tout marche rondement.

Ces lignes, dans la forêt, en ont-elles causé