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À LA HACHE

le bruit sec de la hache. Ensuite l’appel des premiers berceaux. La chanson régulière du vieux moulin, allongeant chaque jour ses dentelles de planches. Le glas, soudain, a tinté. La paroisse recevait son premier bijou, le cadavre d’un défricheur. Les années se sont jetées, l’une sur l’autre, moutons de Panurge de l’infini, dans le passé… Enfin, s’est réalisé le miracle actuel, écrit dans le ciel du Québec, avec l’encre de ses cheminées d’usines, la cire de ses cloîtres, l’enluminure de ses clochers !…

Un bruit de mitrailleuse fait se lever les groupes. Le fer des voitures ouvre sa voie, parmi les roches du chemin. Les wagonnets apparaissent, remplis des sacs et paquetons de chacun. Vingt chevaux sont détachés de leurs charges. Le conducteur enlève les harnois.

Chevaux noirs blanchis par l’écume, chevaux blancs noircis de poussière et de sueur, prélassez-vous dans la cour, pour aller plus tard, sabots pesants, vers l’écurie où vous appelle la sonnette claire de l’avoine, coulant dans les boîtes ; le foin appétissant, tassé dans les crèches, et pesant de cette odeur du village, bonne et forte comme vos cœurs d’animaux !…

Les voyageurs ont terminé leur repas.