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L’ÎLE VALADE

rue en bois, coupée dans un tronc de bois dur, offre aux sauterelles un point de départ. Les traits en ficelle attendent d’autres semailles et des poils de chien se collent encore aux tresses rugueuses.

Mlle  Valade nous quitte, relève une pioche tombée et se dirige vers un lilas à fleurs de lait. Elle enlace plusieurs ramures, les presse sur ses épaules, y cache longuement son visage, fouille la neige parfumée. Et, cassant un énorme bouquet, l’admirable fillette revient vers nous, les bras chargés de givre rose, sur lequel ses cheveux laissent du cuivre.

Des poussières chaudes me tombent sur la main. Je lève la tête. Mes yeux s’arrêtent dans l’angle élevé du pignon. Trois nids d’hirondelles y pendent, en lanternes chinoises. Les oiseaux sortent, montent dans le bleu, culbutent et reviennent, lourds de bonheur.

***

Mme  Valade ouvre la porte et salue respectueusement, les deux mains sur les bords de son tablier, qu’elle relève un tout petit peu, en faisant sa révérence.

Toute vieillotte, elle pèse 100 livres tout au plus. Des maternités nombreuses l’ont courbée vers le sol. Les muscles du cou et des épau-