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IV

L’ÎLE VALADE


Étendu paresseusement sur la chaussée, je me grise de soleil. La chaleur n’a pas encore éveillé les mouches. Mon regard suit les bagues bleues montant, une à une, de ma pipe.

Les petits cercles de fumée s’agrandissent, roulent, puis se brisent comme des bulles de savon en touchant aux premières branches de l’épinette, au-dessus de ma tête.

— Carlo, couche-toé !…

Une voix chantante se mêle à la brise qui la porte.

Je me lève aussitôt et vois une jeune fille, dirigeant avec art un canot vers moi. À l’avant, une énorme tête de chien, aux oreilles de loup, examine les vagues imitant, sans doute, les bruits de sa langue lorsqu’on lui présente une pâtée.

Trois autres coups d’aviron. On arrête. Bête et princesse sautent à terre.

— Je vous ai vu de là-bas… Mon pére y m’envoye vous charcher. Y veut montrer l’île